inice
Dimanche 25 mars 2012
I NI SOGOMA
Ce repas bambara restera pour moi dans l’histoire des repas linguistiques.
D’abord je crois avoir compris pour la première fois les rapports entre ethnies, groupes, fonctions (griots, nobles, forgerons…) au Mali et en Afrique en général. J’ai compris qu’il y avait un rapport entre les noms de famille et ces fonctions. On peut reconnaître au nom la fonction des individus ou plutôt de leur famille. J’ai compris que les noms pouvaient changer en passant une frontière (bien que les frontières soient en fait récentes et artificielles), un griot au Mali ne porte pas le même nom qu’un griot en Côte d’Ivoire mais ils se reconnaissent. Tout ça donne une lumière nouvelle sur tous les Coulibali, Ouedraogo, Traoré : ils ne viennent pas d’une même famille mais leurs familles ont la même fonction sociale.
Surtout, les présents, intervenez sur le site si vous avez d’autres infos ou des rectifications.
Pour la première fois un éclairage sur l’Afrique, direct et chaleureux, pas une conférence, pas un bouquin, des Maliens qui nous racontent. Leur langue, leur culture, leur pays.
Et qui chantent et nous font chanter :
Tu nya nao éié
Tu ba nya nao si ka ni waso
To lé buro sho tigi ba den
To bé soburo si ka ni waso
Et puis ce renversement jamais vu à Auberbabel.
Après le tour de table de nos amis maliens, on met la musique. Et là, un des africains nous dit : et nous aussi on aimerait bien rencontrer les autres. Qui êtes vous ? présentez vous aussi !
Nouveau tour de table des auberbaliens, en français traduit ensuite en bambara ! On découvre aussi des choses sur nos amis : Vincent est né en Argentine, la Bretagne vue par Anne, Yvette est prof de yoga, Sandrine a une mère et deux pères… j’en passe.
Notre vie en bambara, c’était souvent plus long qu’en français. Judit s’est retournée vers le traducteur : « j’ai dit tout ça, moi ? » traducteur convaincu et plein d’humour, merci à Cissoko. Merci à Sambala et Diamy qui nous a apporté des feuilles d’igname hâchées et préparées, à Cheick, merci à Aminata et à Boubacar. Ils nous ont donné accès à un monde inconnu de nous. INICE. L’atmosphère a été joyeuse du début à la fin, la curiosité sans limite.
J’ai oublié le menu : mafé (qui porte en bambara un autre nom que j’ai oublié) parfumé et bissap, mangues. Malheureusement nos deux cuisinières ont disparu avant le repas, on les invitera à un dîner « pieds sous la table » une autre fois.
Je finis par un bouquin pour ceux qui ont raté le repas : « Soundjata ou l’épopée mandingue » de Djibril Tamsir Niane (édition NEA).
Monique